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Les Kelloucq en voyage

Sérieux décrochage…excuse du siècle

   















La vie a été un peu bousculée dernièrement. Si je pensais très souvent à revenir sur mon blog, je n’en avais jamais le temps. Là, je prends quelques minutes enfin.

 

Alors voilà, commençons par le début. Gabriel et moi avons passé un très bon moment en France en août. On n’a pas beaucoup arrêté entre les visites avec la famille et les amis (dont un super week-end impromptu à l’Ile de Ré avec deux vieux copains/copines d’enfance et leurs petites familles respectives), un gros nettoyage de notre appart à Paris et une mise à niveau pour la famille avec qui nous échangeons contre leur maison à Berkeley (Internet, gaz, électricité, une télé, quelques objets manquants,…) et quelques rendez-vous professionnels à Paris. Heureusement que nous étions une équipe (Papa, Maman, Gabriel et moi) pour tout mettre en ordre de marche avant de reprendre l’avion. Ce fut un marathon épique, y compris une panne de courant dans tout le quartier des Halles le dernier jour qui ne nous a pas arrangés…

 

Mais en toile de fond et à l’insu de tout le monde, j’avais une autre préoccupation et un secret que je voulais garder avant d’avoir des nouvelles plus précises. Pourquoi affoler tout le monde avant de savoir ? Après avoir découvert un truc bizarre dans mon sein droit (j’aime mieux l’anglais dans ce cas, car « lump » est un mot descriptif. Pas un grumeau, mais bien une petite boule), une mammographie en Californie n’avait rien conclu de définitif, sauf qu’une biopsie s’imposait. Mais, se soigner coûte la peau des fesses dans ce merveilleux pays. On m’annonçait 10 000 dollars pour cet examen. L’option de le faire en France pendant l’été s’est vite imposée comme la seule solution raisonnable puisque je suis assurée sociale grâce à mes employeurs français (à titre d’indication, la biopsie m’a coûté moins de 300 euros avec une prise en charge classique à 70% et sans mutuelle).

 

En gros, vous sentez venir le truc. La veille de notre retour en Californie, j’ai appris la mauvaise nouvelle. Il s’agissait bien d’un cancer. Il fallait opérer, selon la gynéco-chirurgien que j’avais trouvée un peu par hasard à Châtellerault et en qui j’avais eu immédiatement confiance. Un peu le choc, surtout qu’il fallait quand même continuer à gérer l’immédiat et qu’EJ était le seul dans la confidence avec une amie d’enfance, sage-femme et épaule solide. Mais pas de panique. Un cancer du sein, surtout aujourd’hui, n’est pas une condamnation à mort.

 

Retour en Californie où, entre le 26 août et le 6 septembre, nous déménageons d’Orinda à Berkeley (assez près à vol d’oiseau par dessus les collines), les enfants commencent leur nouvelle école bilingue et je fais mes préparatifs pour rentrer en France pour l’opération programmée pour le 20 septembre. Annoncer la nouvelle partout autour de nous, et aux premiers intéressés surtout, fut une grande libération. Je continue à penser que garder le secret était la bonne décision, mais ensuite la perspective de devoir annoncer la nouvelle a été un gros poids avant la libération.

 

Oui, s’arracher à EJ et aux enfants, surtout dans une période déjà bien fertile en changements, ne fut pas facile. La perspective de ne pas être là pour les 10 ans de Gabriel le 17 septembre me serrait la gorge plus que tout. Dans l’avion, les larmes me montaient subitement aux yeux par moments. Mais j’arrivai presque sans encombre et presque sans escale à Châtellerault dans le giron familial tout prêt à me recevoir.

Je vous passe les détails : l’entrée dans le monde des malades avec multiples rendez-vous, batterie de tests complémentaires pour s’assurer que le cancer n’est pas parti s’installer ailleurs, salles d’attente (particulièrement impressionnant un matin dans un labo d’analyses bondé pour une prise de sang) et préparation pour l’opération. Franchement, ce n’est pas la mer à boire. Mais c’est un ajustement pour moi qui avait toujours eu la chance d’être en pleine forme et d’éviter le monde médical sauf pour avoir des bébés qui est une bonne maladie. Le soutien de tout le monde, mes parents au premier rang et EJ et les garçons à distance, mais aussi pleins de gens par téléphone ou par email m’a été précieux. Je me serais passée de cette expérience pour le comprendre si clairement, mais j’ai une grande chance d’avoir tant d’amis et de gens qui m’aiment autour de moi. Affronter la même expérience sans ce soutien merveilleux doit être autrement plus difficile.

 

Opération qui se passe comme sur des roulettes, séjour à la clinique qui semble court à mes amis français et extrêmement long à mes amis américains, encore des tests tous encourageants car le méchant cancer ne s’est pas étalé, récupération à la maison et finalement la bonne nouvelle qu’une radiothérapie suffira. J’échappe à la chimio. J’apprendrai plus tard que le traitement comprend 5 ans (!!!) d’hormonothérapie, la prise d’un médicament qui a le rôle d’éviter que mon corps recommence à produire des cellules cancéreuses. C’est presque cette sentence à avaler un truc pendant 5 ans qui me fait le plus d’effet. Mon image personnelle de personne en bonne santé, finalement peu entamée jusqu’ici, en prend un coup. Mais je me ferai une raison.

 

Cette semaine, j’ai quitté ma convalescence dorée et le soutien de mes parents (j’avais en parallèle avant et après l’opération assez de boulot pour bien m’occuper, c’était une convalescence un peu (trop) musclée). Je suis rentrée en Californie rejoindre EJ et les garçons, à temps pour le mariage de ma belle-sœur. Il en aurait fallu plus pour me faire rater l’évènement familial de l’année à côté duquel les mariages princiers européens sont de la rigolade ! Nous voilà à pied d’œuvre : le mariage est samedi, je m’habitue à vivre dans notre nouvelle (super) maison que j’avais si peu eu le temps de découvrir et j’apprends le chemin de l’école et toutes les nouvelles habitudes des garçons. En toile de fond, je me démène pour commencer la radiothérapie ici au plus vite (l’option française est possible, mais moins attrayante car repartir serait bien difficile psychologiquement).

 

Ma plaisanterie qui fait sourire les garçons (les mômes sont un public pas facile) est que la radiothérapie consiste à s’asseoir dans un fauteuil et à écouter la radio, en l’occurrence ma radio locale préférée. Ce n’est pas tout à fait cela, mais apparemment c’est jouable. Enfin pour l’instant, on se concentre sur le plaisir en famille.

kelloucq le 18.10.11 à 06:35 dans Actualités - Version imprimable
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