Comme un sentiment de culpabilité
Après l'impuissance, la culpabilité. Ce "métier" d'aidant, comme celui de parents, n'est pas toujours hyper confortable. Il s'accompagne parfois d'une ribambelle d'émotions moyennement agréables. Attention, il y a aussi des émotions positives dans le lot.
Il y a 15 jours, au début de mon congé de proche aidant, j'ai finalisé et envoyé des dossiers de demande d'hébergement temporaire. On m'en a parlé avant même que mon père sorte de l'hôpital. "D'accord, vous préparez le retour à domicile. Mais il va falloir que vous fassiez des demandes anticipées en Ehpad pour avoir une solution si ça ne se passe pas bien à la maison." Six mois plus tard, ça se passe plutôt bien à la maison.
Pourtant, il nous faut envisager un peu de répit. Les deux salariées de mes parents ont besoin de prendre des vacances. Moi aussi. Depuis 9 mois, je suis sur le pont 4 ou 5 jours sur 7. Tout va bien, le congé aidant aide déjà. Mais j'ai besoin de vraies vacances, j'ai besoin de ne pas être toujours là, présente, active.
Nous en avons bien discuté en amont. Avec mon père, c'est possible d'en parler et il comprend. Avec ma mère, c'est plus délicat. En plus de ne pas retenir la conversation, il y a une inquiétude qu'elle en retienne simplement une anxiété, un flou qui va la déstabiliser.
En tout cas, avec l'aide de leur médecin traitant qui devait remplir une partie du dossier, j'ai pu compléter un dossier de demande pour chacun et les envoyer électroniquement à sept maisons de retraite grâce au site ViaTrajectoire. Processus très fluide et facile techniquement.
Emotionnellement c'est autre chose. "Tu les abandonnes, tu te débarrasses d'eux, tu ne peux pas faire ça." Je les imagine, surtout j'imagine ma mère, complètement perdue, ne comprenant pas ce qu'elle fait dans un nouvel endroit inconnu. Etrangement, jusqu'à cet instant où j'écris, je n'ai pas imaginé le départ de la maison et l'arrivée sur place. Juste les savoir ailleurs pendant que je reprendrai un peu de liberté, indispensable, mais il me semble difficile en amont de profiter pleinement.
Etonnament, j'ai eu immédiatement deux appels suite à l'envoi du dossier. Déjà une visite où j'ai beaucoup hésité à aller avec ma mère. Son verdict : "C'est très accueillant ici, mais je ne veux pas y venir". Une deuxième visite est prévue dans quelques jours. Je suppose que je devrais aussi relancer les autres établissements qui n'ont pas répondu.
Cette étape qui semblait si difficile est passée. J'ai appuyé sur "Envoyer" et rien de terrible ne s'est passé. J'ai visité une maison avec ma mère et elle n'a pas été trop troublée les jours suivants (enfin, si, elle était troublée les jours suivants, mais pas plus que d'habitude et sans qu'on puisse établir de lien direct entre la visite et le thème de ses inquiétudes).
Affaire à suivre...
kelloucq
le 09.05.25 à 05:47
dans Actualités
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