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Les Kelloucq en voyage

Invasion étrangère





















De mon contact avec des aidants pendant un de mes stages en master (plateforme d'accompagnement et de répit des aidants), je garde certains commentaires en tête. "Notre maison est devenue un hall de gare, il y a des gens, toujours différents, qui entrent et qui sortent de chez moi", par exemple. "La maison est devenue comme une chambre d'hôpital".

Depuis 6 mois exactement que mon père est rentré de trois mois à l'hôpital, nous vivons quotidiennement en effet beaucoup de passages. Déjà avant cela, nous avions embauché une aide soignante et Emma pour s'occuper de ma mère qui ne pouvait pas rester seule. Alors comment ça fait?

Et bien oui, c'est étrange. Le passage des intervenantes du SSIAD ou de l'ADMR, c'est trois fois par jour en semaine et deux fois par jour le weekend. Je trouve les intervenantes top. Elles sont globalement douces, gentilles, professionnelles. Quand je suis là, nous discutons quelques instants, pour des sortes de transmissions rapides. Mais principalement, elles ferment la porte de la chambre et s'occupent de mon père en toute autonomie. Bien sûr, elles ont toutes leurs petites habitudes. 

Il faut s'adapter aux heures de passages. Pour l'ADMR, nous avons un planning mensuel et nous savons qui passera et à quelle heure. Pour le SSIAD, nous ne savons pas. A de rares occasions, il y a des petits incohérences : l'une passe très tard et la suivante très tôt, ce qui a peu de sens. Ou bien, l'attente est un peu longue avec un passage pour la toilette à midi! Ou un passage du soir à presque 20h00. Mais là aussi, c'est rare.

Côté matériel, nous avons pu faire des aménagements bien pratiques dans la chambre qu'occupe mon père. A part, le fauteuil roulant qui trône dans le salon quand mon père ne l'utilise pas et la chaise percée qui est stockée dans une salle de bain, les espaces communs ne sont pas trop envahis de rappels de la dépendance. Et cela me semble important pour tous et en tout cas pour moi, peut-être égoïstement.

Mais ce n'est pas tout. Mes parents ont aussi une aide soignante qui est avec eux trois jours + une matinée par semaine. Et là, c'est un peu plus dur. Ce n'est pas quelqu'un qui ne fait que passer pour 30 minutes et au revoir. C'est quelqu'un qui arrive à 9h00 et repart à 17h00. C'est quelqu'un qui prépare le déjeuner, aide ma mère à s'habiller et à s'occuper, fais des lessives, vaque dans toute la maison. Cela m'est plus difficile de savoir quelqu'un dans mon espace. D'ailleurs, la porte de ma chambre est toujours fermée et j'abhorre l'idée qu'elle pourrait y rentrer.

C'est quelqu'un à qui il arrive de porter des jugements basés sur ses ressentis (il faudrait jeter ce maillot de corps qui est un peu éliminé au cou ou faire ceci ou cela). Je vis ces remarques assez mal, je dois dire. Comme des intrusions, des jugements. Je ne suis pas à l'aise avec tout cela, même si ça se passe globalement bien. Peut-être que je reporte ma colère et ma tristesse de la dépendance de mes parents sur elle et de ce qu'elle me fait vivre par richochet, comme sur un bouc émissaire. En tout cas, c'est une composante importante de ma vie actuelle.

kelloucq le 11.05.25 à 19:46 dans Actualités - Version imprimable
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