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Les Kelloucq en voyage

De l’autre côté de la barrière

 Après avoir parlé de l’école en tant que parent, je passe de l’autre côté pour m’exprimer en tant qu’enseignante. Enseignante, c’est un bien grand mot. Après avoir un temps flirter avec l’idée de devenir prof pendant une année en hypokhâgne, j’ai bien vite bifurqué. Je ne me voyais pas passer ma vie devant une classe d’élèves, je pense que cela demande une énergie particulière que je ne pensais pas avoir. Je suis donc une enseignante qui se découvre sur le tard et qui avance par tâtonnement.

Car voilà que je me retrouve cette année, par divers concours de circonstance, à « faire la classe ». Dans trois cadres complètement différents. C’est d’abord une amie, journaliste américaine à Paris, qui m’a refilé un cours d’anglais dans une école de journalisme à cause d’un conflit de calendrier de son côté. Du coup, pendant deux semestres, je me suis retrouvée devant une vingtaine d’étudiants en 2e année de master pour un cours hebdomadaire pendant lequel ils devaient produire des articles en anglais (les cours viennent de prendre fin cette semaine, j’attends un dernier article long, un travail personnel que les étudiants doivent me rendre d’ici deux semaines).

Un peu plus tard, une femme rencontrée chez des amis et qui travaille dans l’édition m’appelle pour me demander si je pourrais lui donner des cours d’anglais particuliers, avec une orientation business et finances. Nous sommes embarquées dans des cours hebdomadaires de deux heures, en tête à tête, pour une dizaine de semaines. Enfin, un centre d’animation du quartier offre des cours de conversation pour adultes et cherchait à remplacer un bénévole qui n’avait plus le temps d’assumer un cours hebdomadaire.

Premiers constats. J’ai bien aimé mon premier semestre avec mes jeunes journalistes. Mais est-ce un effet de lassitude (déjà) ? J’ai trouvé le deuxième semestre plus difficile et les étudiants de moins en moins motivés. Je ne suis pas très impressionnée par leur niveau d’anglais (ils sont quand même en bac +5). Ils sont loin d’être « fluent » à l’oral et font de grosses fautes basiques à l’écrit, sans parler du style journalistique qui est autre chose. En fait, je me rends compte à posteriori que j’aurais dû être plus ferme sur certaines choses : faire ranger les portables pendant les cours (ils textent) et insister pour qu’ils prennent des notes (le vocabulaire ne se retient pas par magie).

Je trouve mes deux autres cours plus enthousiasmants principalement parce que les étudiants sont plus motivés. Mon élève particulière est carrée, prend des notes, fournit du travail en plus, parle beaucoup (elle est bien obligée puisqu’elle est toute seule !). Même chose dans mon cours au centre d’animation : le groupe est fluctuant selon les semaines, mais ils sont très motivés, n’hésitent pas à parler, posent des questions sur des expressions qu’ils ont rencontrées pendant la semaine. Eux aussi ont le bon réflexe de prendre des notes. Aucun des participants n’est du quartier, certains viennent même d’assez loin. Leur enthousiasme est communicatif. Plus on sent leur envie d’apprendre, plus on a envie de répondre à cette envie.

J’ai pris conscience pendant ces derniers mois des joies et des difficultés d’enseigner, dans des cadres très différents avec des enjeux différents : des jeunes journalistes qui n’écriront certainement jamais en anglais (mais qui devraient parler couramment), une cadre motivée qui a fait la démarche de perfectionner son anglais, un groupe hétérogène d’actifs et de retraités qui apprennent principalement pour le plaisir. Une expérience qui va se poursuivre dans le futur au moins au centre d'animation car on ne lâche pas facilement ses bénévoles...

kelloucq le 08.03.13 à 08:37 dans Actualités - Version imprimable
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