L'après-choc Ben Laden
Je n’ai pas grand chose à dire qui n’a pas été dit sur cet événement. Ce que je peux peut-être apporter, c’est la comparaison de « première main » entre les réactions en France et aux Etats-Unis. Pour cela, je me fie aux commentaires de mes amis sur FB qui, je l’admets, sont loin d’être représentatifs. Dès dimanche soir, qui était déjà votre lundi matin, les Américains semblaient exulter. « Congratulations to all the hard-working intelligence professionals, drone operators, and US ground troops who worked so tirelessly to bring Osama bin Laden to justice », écrivait un ami en Californie. Ce « bring to justice » me posait immédiatement problème d’autant plus que cet ami est avocat et qu’il ne me semble pas que la justice se règle habituellement par une fusillade.
Ce matin au réveil, les Français semblaient justement tiquer sur cette expression retenue dans le communiqué de l’Elysée de « justice est faite » et n’hésitaient pas à parler de « lavage de cerveaux » et de « propagande », un terme qu’utilisait aussi une amie américaine pour parler de son propre gouvernement. Je sais qu’à New York sur l’emplacement des tours et à Washington devant la Maison Blanche, il y a eu des scènes de joie collective. Mais je constate que l’ambiance parmi mes potes sur Facebook est aujourd’hui plus sobre. Une amie américaine qui vit à Paris cite Martin Luther King, Jr (« I mourn the loss of thousands of precious lives, but I will not rejoice in the death of one, not even an enemy. »). Une autre amie à Atlanta a des réactions partagées : “You know what? I don't feel all that joyful. I feel relieved. And grateful for the service of so many involved. And still terribly sad for those who lost so much. And a little nervous about retribution. But I admit I have been kind of surprised at the jubilance. »
Sur un autre thème, suivre la propagation de la nouvelle sur Internet est fascinant (le fameux internaute qui twittait qu’il entendait des hélicoptères sans savoir encore de quoi il s’agissait, les spéculations avant qu’Obama ne prenne la parole, la photo truquée). Mais une autre nouvelle lue quelques minutes après l’annonce de la mort de Ben Laden me laisse très sceptique et ne donne pas envie de se réjouir. Le 1er mai a été marqué par des attentats en Afghanistan, notamment un attentat-suicide commis par un terroriste de…12 ans
. C’est l’âge d’Emmanuel, un âge où on devrait se soucier de ses notes à l’école et s’émotionner quand une fille vous jette un regard en douce. Pas un âge où on se fait exploser au milieu d’un marché plein de monde. Un monde où des enfants servent de bombes humaines me fait froid dans le dos et n’a rien à célébrer.
kelloucq
le 03.05.11 à 00:27
dans Actualités
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