Où trouver du plaisir?
Comment garder un lien avec le monde? Comment cultiver des moments de plaisir dans une vie qui a tendance à se rétrécir?
Je suis infiniment heureuse de voir mon père reprendre goût à la lecture depuis quelques jours. Lui qui était un grand lecteur (de romans, d'essais, de magazines,...) avait perdu le goût des livres depuis son accident il y a maintenant plus de 6 mois. Des livres rapportés de la bibliothèque restaient abandonnés, sans susciter d'intérêt et d'envie. Je ne sais pourquoi une vieille copie de Bel Ami (si vieille qu'une carte postale de 1985 s'y trouvait cachée entre deux pages), un livre qui trainait à la maison, l'a aggrippé. Et je l'ai vu le dévorer, puis enchainer par de nouveaux livres. Yes! La lecture comme remède contre l'ennui, la lassitude, voire le désespoir qu'il exprime parfois.
Pour ma mère, les sources de plaisir restent plus variées. Les marches, la cuisine, les sorties peuvent procurer des moments agréables, même s'ils sont émaillés de doute existentiel. Parmi les plaisirs nouveaux, le coloriage dans des cahiers pour adultes l'aide à se concentrer et à être contente d'elle. Non, le coloriage n'est pas une activité enfantine. Il est souvent utilisé comme activité déstressante et apaisante. Et pour ma mère, cette anxieuse permanente, ça marche. Accompagnée avec quelqu'un assis à côté d'elle ou installée seule pendant que nous sommes occupés, elle se lance avec ses feutres et ses crayons de couleur. Elle s'interroge sur l'agencement des couleurs, elle se félicite ("Ce vert, ça n'a pas été facile, je suis contente"), elle s'extasie ("Il est formidable, ce crayon"), elle reste longtemps sans se poser toutes ces questions qui la hante, simplement concentrée sur cette tâche. Et cette tranquillité d'esprit temporaire est sans prix.
kelloucq
le 15.03.25 à 19:32
dans Actualités
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