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Les Kelloucq en voyage

Réduction de liberté

Depuis la mi-août 2024, mon champ d'action s'est grandement réduit. Ce qui semblait auparavant une évidence, un acquis n'est plus possible. Je fais le yo-yo entre Paris et le Poitou. C'est un acte volontaire et en cela il y a de la liberté. Comme j'aime le dire et comme je le ressens profondément, je suis à ma place. Pourtant c'est aussi un choix qui m'enferme. Dans cet enferment que j'ai choisi, il y a aussi encore des choix possibles. Mais ces choix sont réduits. 

J'ai l'impression de vivre, à un degré différent, l'enfermement que vivent mes parents. Mon père privé de mouvement, quasiment confiné à cette maison à part des rendez-vous médicaux auxquels il se déplace en ambulance, privé de la capacité de bouger, d'aller et venir, de choisir, dépendant des autres pour aller de son lit à son fauteuil roulant, de son fauteuil roulant à son lit, dépendant des autres pour l'exécution de tous ses besoins et désirs. Lui qui a tant bougé et tant fait dans sa vie et même dans la maladie de Parkinson qui n'avait pas, jusqu'à cette chute, réussit à l'immobiliser. Lui qui se promenait sur des échaffaudages à donner le vertige, lui qui a quitté le nid pour faire ce Tour de France des compagnons jeune adulte, "cloué au lit".

Ma mère enfermée dans sa mémoire qui flanche, nous disant parfois, désamparée, "Je ne sais plus qui je suis, j'ai oublié ma vie". Volontaire et demandant toujours à aider ("Commande-moi"), capable de tout pourvu qu'on lui donne des consignes claires pas à pas et si heureuse de participer, traversée par des doutes existentiels, des moments d'angoisse profonde ("Est-ce que je suis mariée, veuve ou divorcée?", "Là, on n'est pas à Châtellerault?", "Pourquoi on est là, qu'est-ce qui s'est passé?"), des litanies répétés en boucle par moments quand elle s'enfonce dans le doute et l'incompréhension.

kelloucq le 26.02.25 à 06:51 dans Actualités - Version imprimable
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