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Les Kelloucq en voyage

L'heure des comptes, 2e épisode

Dans la salle d’attente du Carol Ann Read Breast Health Center, un endroit très feutré et reposant, EJ et moi avons commencé à évoquer la possibilité de faire cette biopsie en France. Nous étions alors en juin et il y avait d’autres raisons de faire un saut en France pendant l’été. J’ai sélectionné une gynéco proche d’un cabinet de radiologie dans ma ville natale et j’ai pris un rendez-vous avec les deux pour le mois d’août. J’ai déjà raconté comment le courant avec la gynéco-chirurgienne est passé tout de suite. Elle m’a vue, elle a convaincu son collègue radiologue de me prendre dans la foulée sans attendre le rendez-vous prévu. Et c’est ainsi qu’elle a pu m’annoncer que j’avais bien un cancer du sein, la vielle de mon retour en Californie au terme de super vacances en France avec Gabriel.

Si la nouvelle n’est pas bonne, elle n’est pas dévastatrice d’un point de vue financier. Pour une visite chez ma gynéco qui est en dépassement d’honoraires, la biopsie chez le radiologue et les analyses du labo, j’ai déboursé 300 euros dont 178 qui ont été remboursés très rapidement et très facilement par la Sécurité Sociale grâce à la carte Vitale. Les remboursements sont à 70% et bien sûr je n’ai pas de mutuelle en France depuis notre départ.

Au total, j’ai une réponse claire et définitive pour 122 euros. Pour rappel, j’allais devoir débourser environ 5 000 dollars en Californie, soit presque 4 000 euros, sans compter des frais externes de quelques centaines de dollars que l’hôpital n’était pas en mesure de m’annoncer (frais de labo, j’imagine). Je répète et je résume : 122 euros en France avec le remboursement de la Sécurité Sociale contre plus de 4 000 euros entièrement de ma poche aux Etats-Unis pour le même test, une biopsie.

 

La marche à suivre selon la gynéco est simple : opération, bilan d’extension pour voir si d’autres organes sont atteints (foie, poumon, os) avant d’aviser du traitement adjuvant adapté à ce qu’on aura trouvé (radiothérapie ou chimiothérapie en gros). Avec ce que nous savons déjà sur les coûts américains, nous n’envisageons même pas une opération en Californie. Ma gynéco et moi parlons par email et par téléphone pour arranger la date de l’opération et des autres rendez-vous complémentaires.

Le diagnostic a été très abordable. Qu’en sera-t-il du traitement ? Pour l’opération et 3 jours à la clinique, visites avant et après avec la gynéco, visite avec un médecin traitant, avec un anesthésiste, bilan d’extension en partie chez un radiologue et en partie au CHU pour la scintigraphie, soins d’infirmiers après la sortie de l’hôpital, je débourse 642 euros dont 345 me sont remboursés par la Sécu. Soit environ 300 euros qui restent à ma charge. Avec 300 euros en Californie, je n’aurais même pas assez pour deux visites avec une infirmière spécialisée !

Avant de rentrer en France pour l’opération, j’avais appris par une amie américaine vivant à Paris et elle aussi touchée par le cancer du sein qu’il existe un concept qui s’appelle une affectation longue durée (ALD) qui fait que tous les soins liés à ce problème de santé sont pris en charge à 100%. Je crois que je ne suis toujours pas revenue de la générosité de ce système. Le dossier aboutit alors que je suis déjà rentrée en Californie et je reçois une lettre de l’Assurance Maladie d’une grande délicatesse qui est à 1000 lieues des lettres de mon assurance américaine, uniquement soucieuse de m'annoncer que les soins ne sont pas couverts. « Vous pouvez ainsi faire face plus sereinement aux dépenses nécessitées par votre affection », m’écrit-on en m'apprenant que mes frais de santé liés au cancer du sein seront pris en charge à 100%. Impossible de ne pas penser à ces femmes, ici et ailleurs, qui non seulement apprennent qu’elles ont un cancer, mais qui en plus savent qu’elles n’ont pas les moyens de se faire soigner correctement ou que les soins vont mettre leur famille à genoux.

Pour cette fois, concluons sur cette pensée : je suis maintenant débarrassée de cette tumeur et la bonne nouvelle est qu’elle n’a pas eu le temps de se propager ailleurs. Le coût de cette opération et de cette information vitale ne dépasse pas 300 euros de ma poche. N’ayant pas envisagé l’opération en Californie, je ne peux dire comment cela aurait coûté ici, mais je tremble rien que d’y penser. Au prochain épisode, je dois faire le choix cornélien entre une radiothérapie à 100 000 dollars et une radiothérapie gratuite. Suspense…

kelloucq le 12.01.12 à 02:21 dans Actualités - Version imprimable
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