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Les Kelloucq en voyage

La Tour-Forteresse de Monthoiron : un secret de moins en moins caché















OK, j’avoue : je recycle du Facebook réchauffé sur ce blog, mais je vais un peu broder sur le sujet. Dimanche dernier, dans le cadre de mon long séjour poitevin estival, nous avons exploré la Tour-Forteresse oubliée de Monthoiron avec mes parents (et visiter un site historique avec un tailleur de pierre plein d'expérience, c'est franchement top). Deux jours plus tôt, le 14 juillet, après un déjeuner charmant à Bonneuil-Matours (Le Pavillon Bleu, on conseille aux locaux), nous errions à l’aventure dans la magnifique campagne. D’un coup de volant impulsif, nous sommes descendus voir cette Tour dont on recommence à parler depuis l’an dernier.

 

Il était un peu tard ce jour-là, mais nous nous sommes jurés d’y revenir le dimanche : il ne fallait pas louper l’occasion puisque la Tour était en état de siège pour ce long weekend. Une association de passionnés, la Maisnie de l’Hermine, recréait une ambiance de camp de siège, avec costumes d’époque et tirs de canon. Le petit plus qui transforme une visite. Mais n’importe quel jour, la visite vaut le détour. Détour sur une route que j’ai souvent empruntée, enfant et ado, lorsque l’étang d’Archigny était un but de sortie familiale, puis d’aventures adolescentes, très prisé. Mais à l’époque nous n’avions aucune idée de ce trésor local, tombé dans un certain oubli, recouvert de ronces et cependant connu des habitants de Monthoiron même si son origine l’était moins.

La Tour-Forteresse de Monthoiron a été construite il y a 500 ans sur des plans de Leonard de Vinci. Le fait est scientifiquement accepté et a été ratifié par les plus grands spécialistes de cette époque de l’histoire dans les années 1990 lors d’une conférence dédiée à Léonard de Vinci. Grande fan de Léonard, j'ai adoré la visite qui collait parfaitement avec ma nième visite du Clos Lucé la semaine précédente. La jeune guide, étudiante en histoire, fait revivre l’époque avec le soutien de sa famille (maman à la billetterie, papa à la taverne qui sert de l’hypocras – vin rouge assaisonné de miel, cannelle, clous de girofle et gingembre, amis en habit de gentilshommes d’époque plus vrais que nature). Un film très bien fait, en français avec des sous-titres en anglais, tourne en boucle dans la belle salle voutée restaurée (et agréablement fraiche par ces temps de canicule).

Je ne vais pas tout vous raconter dans le détail. En résumé, il semblerait que Jacques II Turpin de Crissé, compagnon de François 1er à Marignan et seigneur local, voulait en mettre plein la vue au roi en construisant une tour-forteresse sur les plans de Léonard de Vinci qui venait d’arriver en France à l’invitation du roi de France. De son côté, Léonard voulait se faire un nom dans l’ingénierie et l’architecture, jugées plus prestigieuses que la peinture. Le pauvre génie était frustré car de nombreux projets grandioses, comme la Cité idéale de Romorantin, étaient tombés à l’eau. Cinq siècles plus tard, grâce à l’ambition ou peut-être la mégalomanie de deux hommes, nous nous tenons devant cette tour plus « ostentatoire » que défensive, la tête tourbillonnant de questions et d’admiration. Sauf que finalement mon admiration pour Léonard en a pris un petit coup. Le génie qui me laisse baba pour tant de raisons diverses n’était pas mû purement par le sens de la découverte et l’aventure intellectuelle, mais aussi par une ambition tellement humaine, certes à la hauteur de ses vastes capacités, mais quand même le besoin de reconnaissance, le besoin d’être admiré, le besoin de laisser une marque. En somme, cette visite a rendu Léonard plus humain à mes yeux (je l’appelle Léonard car l’appeler Vinci me fait trop penser au conglomérat moderne moins glamour).

Qu’est-ce que je retiens d’autre? François 1er aimait venir chasser dans le coin et aurait passé plus de temps à Châtellerault tout proche qu'à Chambord…Dans ce cas, où était-il hébergé ? Et là, je dois dire que de rapides recherches sur Internet ne nous disent pas grand chose sur le sujet. Ce mystère demeure entier. Hyperbole marketing ou fait historique avéré ? Si vous avez des éléments de réponse, je suis preneuse.

Mais cette visite a une conclusion encore plus savoureuse. Ayant posté quelques photos sur Facebook en taggant un ancien copain de lycée lié à Monthoiron et exilé sur un autre continent, j’ai eu la joie de recevoir une invitation à lui rendre visite le lendemain puisqu’il était lui aussi de passage dans le Poitou. Cela faisait plus de 30 ans que nous ne nous étions pas vus, mais nos expériences communes et notre goût pour la conversation tous azimuts nous ont immédiatement rapprochés par delà les années. Une magnifique après-midi en compagnie de sa femme que je ne connaissais pas. Je collectionne avec bonheur ces micro-moments de connexion.

 

kelloucq le 20.07.17 à 03:07 dans Actualités - Version imprimable
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