S'identifier - Contact

Les Kelloucq en voyage

Sur les chemins de traverse du Luberon

 

 

 













En fait, je n’avais aucune image, aucune préconception du Luberon. J’étais une vraie page blanche. Même après avoir compris que l’endroit était couvert de touristes en été, nous avons foncé. Dans une petite voiture de location récupérée à la très belle gare perchée de Saint-Charles. Conduire une voiture est tellement exotique pour nous, nous sommes comme des enfants avec un jouet tout neuf.

 

En route, arrêt à Aix-en-Provence. Je me souvenais d’avoir interviewé la maire de cette ville il y a des années, mais là non plus guère d’images associées à Aix. Nous avons flâné, découvert la cathédrale Saint-Sauveur et son fameux triptyque du Buisson ardent commandé en 1476 par le Roi René – un provençal d’adoption qui a été récupéré par les calissons d’Aix. Puis le musée Caumont avec un film sur la vie du local Paul Cézanne et une expo pleine à craquer sur Sisley. Pour finir en fin d’après-midi à Joucas au pied du terrain de tennis où nous avions rendez-vous avec notre « logeuse ».

 

Le lendemain matin, flânerie et marché à Roussillon. Notre parti pris était de déjeuner ou diner dans des restaurants quand l’envie nous en prendrait, sur notre terrasse tranquille si cela nous chantait ou en pleine nature si l’occasion se présentait (elle s’est présentée à l’abbaye de Sénanque où une mini razzia dans la boutique de l’abbaye nous a fourni un pique-nique plus que convenable, composé de produits issus de divers abbayes et monastères, que nous avons dégusté dans un coin reculé derrière l’abbaye, complètement désert à part le chant des cigales et le vent dans les arbres). Faire le marché est toujours un plaisir pour nous. Une tapenade excellente, des fruits mûrs, du bon pain, que demander de plus ? Surtout que la maman de notre logeuse apportait ici et là des tomates ou du maïs du jardin, des yaourts faits maison…Ah si, un peu de vin que nous avons trouvé en visitant le domaine de Tuilière pour y choisir 2-3 bouteilles.

 

A la fin de cette première journée, nous sommes retournés à Roussillon pour une promenade « à la fraiche » sur le Sentier des Ocres qui nous a plongés dans une épopée industrielle révolue, mais dans un paysage toujours magnifique. Les vastes points de vue de tous les villages perchés sont à couper le souffle, mais à Roussillon cette couleur rouge si particulière ajoute une touche très « Colorado ».

 

Le lendemain, l’abbaye de Sénanque nous attendait : visite guidée très vivante, messe de midi avec les 7 moines restants et une poignée de touristes, pique-nique improvisé. Malgré les pleines voitures et cars de touristes, il est possible de trouver du calme dans ce très beau site et je dois dire que cette envie très lointaine de passer quelques jours hors du monde a peut-être enfin trouvé un endroit idéal pour se réaliser…Au retour, visite du village des Bories, un ensemble de bâtiments de pierres sèches rénovés avec l’impression distincte que la vie n’a pas toujours été tourisme et bon temps dans le coin. Elles sont très jolies, ces bâtisses en pierre qui m’ont fait penser à certains temples de Chichen Itza. Mais la vie devait être bien rude, entre les oliviers, les vers à soie et des travaux de cordonnerie pour Gordes toute proche. Nous avons poussé jusqu’à Goult, supposément à la recherche de pain, mais aussi pour une visite de ce joli village qui était animé, sans excès.

 

Avec Gordes, c’était un peu une histoire d’attraction et de répulsion, quelque chose de très ambivalent. Trop de monde, trop carte postale parfaite. Mais là encore, on peut faire connaissance avec des endroits touristiques en allant un tout petit peu dans l’envers du décor. Visite du château de Bertrand-Rambaud de Simiane, baron de Gordes qui aurait refusé de mener une répression sanguinaire contre les protestants (« Je suis lieutenant du roi et non pas son bourreau », aurait-il répondu à Charles IX. Je dis bravo), avec une bonne dose de Vasarely, leader du op art et l’un des « redécouvreurs » de Gordes à la fin des années 1940, de Hans Silvester dont les photos de la vie locale dans les années 60-70 m’ont beaucoup plu et de planches de Wolinski tout à fait savoureuses. Découverte aussi d’un musée « la vie sous la ville » dans les caves du palais Saint-Firmin, un projet de restauration gigantesque pour montrer combien Gordes a travaillé et vécu sous terre pendant des siècles. Après avoir dégusté le dessert dans Gordes (life is short, eat dessert first, comme on dit), nous avons pique-niqué avec une immense vue en sortant de Gordes. Avant de rejoindre Murs, un village plus endormi et moins couru, qui vivait sa fête de village tout entier autour de la pétanque. Tout cet enchainement de jolis moments nous a facilement amenés au dimanche matin. Sur le conseil d’un local, nous avons fait un tour dans un marché de producteurs où il nous avait indiqué qu’on trouvait des truffes d’été (bingo !), puis une descente tranquille et fraiche de la Sorgue en canoë, puis une sieste, puis l’heure du thé, puis la valise que nous faisons très petite et compacte. Une petite valise de cabine pour deux, y compris les cadeaux et autres petits trésors accumulés en route. Lundi, dernière matinée à Marseille et retour dans un TGV qui traverse de belles contrées. Le voyage de trois heures et des poussières passe très vite. Bonne idée de voyager hors des gros weekends. Retour à Paris, retrouvailles avec le jardin, le petit appartement et tout de suite envie d’être dehors.

 

Finalement, nous ne sommes pas des pages blanches quand nous voyageons. Ainsi, et ce n’est pas une volonté de comparer juste pour comparer, Marseille nous a fortement fait penser à San Francisco en plus ensoleillé (les rues pentues, la magnifique baie,…) et le Luberon à une Napa Valley plus vaste, plus large. Et notre logeuse de quelques jours nous a fait un beau compliment dans ses commentaires : « Isabelle et son mari ne sont pas de simples touristes. Ils sont à l'écoute, curieux et bons vivants. J'ai apprécié ces premiers moments de Airbnb en leur compagnie. » Nous sommes tous un peu des touristes, mais je me sens mieux si nous pouvons nous comporter plus comme des compagnons de voyage que comme des consommateurs effrénés de dépaysement.

kelloucq le 30.08.17 à 06:13 dans Actualités - Version imprimable
Article précédent - Commenter - Article suivant -