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Les Kelloucq en voyage

Vous habitez où?

J’interviewais récemment un Français qui, après avoir vendu sa société à une grosse boite californienne, a déménagé toute son équipe à San Francisco. « Les célibataires habitent à San Francisco dans le quartier de la Marina, les couples habitent à Berkeley et avec ma famille, nous habitons à Orinda », me racontait-il, en aparté de l’interview. Nous avons poussé un cri de surprise en apprenant que nous habitions dans la même petite ville.

 

Révéler qu’on habite à Orinda est une déclaration à double tranchant. Pour certains, cette ville dortoir de luxe qui regorge de familles nanties est considérée comme une adresse très désirable avec ses belles maisons nichées dans les collines et ses très bonnes écoles. Pour d’autres, c’est le symbole de la vie ennuyeuse de banlieue, une vie sans culture et sans diversité hantée par les « soccer moms » et les Porsches. Le tunnel de Caldecott qui permet de traverser les collines d’Oakland et Berkeley pour se retrouver à Orinda et le reste du comté de Contra Costa est surnommé le « culture-stop tunnel »…

 

Pour certaines mamans de l’école avec qui j’ai discuté du sujet, habiter à Orinda est une source d’inconfort. « Il y a des gens que je n’aimerais pas inviter chez moi car je suis sûre qu’ils jugeraient que ma maison n’est pas assez impressionnante », disent-elles avant d’ajouter  « Mais nous ne sommes pas comme ça. » Une autre racontait qu’elle avait révélé qu’elle habitait à Orinda à quelqu’un de Berkeley. D’après elle, cette femme a tourné les talons et ne lui a plus adressé la parole. Comme je disais, Orinda ne laisse pas indifférent.

 

Je connais un homme qui habite à Orinda depuis plus de 20 ans. Ce manuel très ouvert et très causant s’est toujours senti mal à l’aise avec les autres pères sur les bords de la piscine ou la ligne de touche quand il accompagnait ses enfants. « Ils étaient tous banquiers ou avocats. Ils me rendaient mal à l’aise. Mais c’est peut-être moi. » Récemment, j’ai rencontré un père à l’école qui ne colle pas à l’image d’Orinda. Musicien de rock couvert de tatouages, il semblait tout à fait à l’aise dans ses baskets. C’est peut-être vrai que souffrir d’un complexe d’infériorité, à Orinda ou ailleurs, c’est dans la tête.

kelloucq le 03.12.09 à 03:59 dans Actualités - Version imprimable
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