Les Kelloucq en voyage

Mes débuts dans le documentaire

Depuis plus d’un mois, je suis plongée dans un projet qui accapare tout mon temps. Avec deux autres journalistes français basés en Californie, nous aidons une équipe française qui est en train de tourner le premier documentaire en 3D qui sera distribué en salles en Europe le printemps prochain. Road movie autour du thème des pionniers et du rêve américain, le projet est ambitieux. Les difficultés techniques liées à la configuration 3D ont retardé l’équipe lorsqu’elle s’est posée à Los Angeles début novembre. Du coup, plusieurs étapes déjà programmées, parfois avec beaucoup de difficulté, ont dû être annulées. Ma portion du projet couvrait une assez vaste étendue : de Big Sur et Santa Cruz sur la côte à San Francisco puis à l’est de la Californie et la Death Valley. Demain soir, nous arrivons à Las Vegas et je passe le bâton à ma collègue pour rentrer chez moi et profiter de la semaine de vacances que viennent d’entamer les garçons.

Pour en dire un peu plus sur le projet, ce fut beaucoup de travail en amont. A partir d’une liste de « souhaits » du réalisateur, trouver les personnes à interviewer, obtenir les permis de filmer, caler les rendez-vous. Tout ce travail était resté relativement virtuel jusqu’au premier jour de tournage avec l’équipe, une grosse artillerie de dix personnes en tout. Sur le terrain, des solutions à trouver en permanence, des demandes à faire aux interlocuteurs, des interviews à mener sous la direction du réalisateur dont l’anglais n’est pas assez solide. Ce qui a rendu le projet plus difficile est le changement constant de plans. Sans rentrer dans les détails, il faut des nerfs d’acier et un sourire à tout épreuve.

Mais malgré le travail parfois difficile, il reste de bons souvenirs et de belles rencontres. Un homme d’origine chinoise retenu pendant plusieurs mois sur Angel Island dans la Baie de San Francisco qui fut au 20^e siècle l’Ellis Island de la côte ouest. A 88 ans, il transmet encore le désarroi du jeune garçon de 16 ans emprisonné et empêché de revoir son père déjà aux Etats-Unis. Rencontre avec Danny Nicoletta, un collaborateur du militant gay Harvey Milk, que nous avons interviewé devant le Castro Theater, puis en discussion avec un groupe de jeunes (merci, HiC). Un des deux rangers qui habitent dans la ville fantôme de Bodie qui fut à la fin du 19^e siècle la deuxième plus grosse ville de Californie après San Francisco avec 10 000 habitants. Aujourd’hui quatre personnes vivent dans un décor désolé de maisons de bois battues par le vent.

On aurait pu souhaiter un peu plus d’organisation et des décisions plus fermes. Mais en gros, je pense que ce genre de projet me convient bien. Etre sur le terrain fait du bien et arranger tous les détails a quelque chose de satisfaisant. Maintenant je suis impatiente de voir le résultat connaissant les détails derrière les images.

kelloucq le 21.11.10 à 06:04 dans Actualités -
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