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Les Kelloucq en voyage

Mexique surréaliste

En attendant le bus qui devait nous ramener de Palenque à San Cristobal, je lisais un journal local, Tabasco Hoy. Plus tard dans l’après-midi, quand les virages et la montagne eurent raison de moi, le journal se révéla d’une urgente utilité. Comme quoi, tous les journaux ne finissent pas par emballer du poisson.

Dans Tabasco Hoy, une histoire digne de Gabriel Garcia Marquez m’a fait une forte impression. Pour ceux qui lisent l’espagnol, allez voir l’original ici ou une version plus terre à terre ici. Pour les autres, je vous raconte.

Cirilo Vázquez était une personnalité de l’état de Veracruz. Il était propriétaire d’une équipe de beisbol (baseball), mais avait aussi l’habitude d’aider « les pauvres ». Le 23 novembre, il a été enterré dans une cérémonie qui n’aurait sans doute pas pu avoir lieu ailleurs qu’en Amérique Latine.

Le cortège prend le départ à 9 heures du matin avec deux cercueils, celui de Cirilo Vázquez et celui de son chien adoré Tobi, également mascotte de son club de baseball. Apparemment, selon un encadré, Tobi avait trouvé la mort quelque temps plus tôt lors d’une sordide bagarre dans une décharge d’ordures. Son maître l’avait fait enterrer sous son propre lit, avec ordre que Tobi le suive dans sa sépulture finale quand son heure viendrait. Peut-être avait-il la prémonition que sa propre mort serait tout aussi violente.

Le cortège parcourt un kilomètre pour arriver au stade de baseball où les deux cercueils sont portés de « base » en « base » aux cris d’une foule de 2 000 personnes. Lorsque les deux défunts sont de retour à la « home base », les spectateurs endeuillés scandent « safe, safe, safe ». Là, des mariachis entonnent une chanson chère à Cirilo. L’article ne dit rien sur les goûts musicaux de Tobi.

Le cortège reprend son chemin dans la ville s’arrêtant à l’endroit où le défunt a été descendu dans une embuscade qui a fait quatre morts (Cirilo et trois policiers) et plusieurs blessés. Vu l’ambiance actuelle au Mexique où plus de 100 policiers ont été tués depuis le début de l’année par des trafiquants de drogue et où une nouvelle coutume est de mettre en exposition les têtes des victimes en guise d’avertissement, tous les yeux se tournent vers les narcos.

Après plusieurs autres arrêts chez Cirilio et à l’église, il était déjà 15 heures à l’arrivée au cimetière toujours au son des mariachis. « Qu’ils reposent en paix », conclue le papier. Ce n’est pas surréaliste ?

Dans un autre registre même si tout est lié, si vous voulez suivre les faits et gestes du leader Zapatiste Marcos et ce qui se passe dans l’état de Oaxaca, ce site propose « El Otro Periodismo » pour suivre la « Otra Campana » de Marcos. Promis, c’est en français.

kelloucq le 30.11.06 à 22:00 dans Actualités - Version imprimable
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