S'identifier - Contact

Les Kelloucq en voyage

South of the border 1/2

Par où commencer ? Le Mexique nous a transportés dans un monde à des années lumière de la bulle très blanche et très privilégiée d’Orinda.

Dès la descente de l’avion à l’aéroport tout neuf de Tuxtla Guitierrez, la capitale de l’état du Chiapas, notre chauffeur de taxi nous initie à la conduite locale. On déboule au plus près du pare-choc de la voiture de devant. Si elle est d’accord pour qu’on la double malgré la bande continue, elle met son clignotant gauche et se rabat sur le bas côté droit. Logique, non ? Si EJ conduisait ainsi, je serais verte de peur. Mais là, assise à la place du mort, je suis étrangement sereine.

Le lendemain matin, nous plongeons dans le dédale du marché local de San Cristobal de las Casas. Les habitants des villages de montagne qui entourent la ville viennent vendre leur café, haricots, poulets, maïs et autres légumes inconnus de nous. On trouve aussi des vendeurs de cierges, de bougies aux pouvoirs magiques (attirer les clients, gagner de l’argent), de plantes médicinales, de jouets en bois. Nous faisons divers achats dont une bonne poignée de fourmis grillées pour l’apéritif. Verdict : ce serait certainement plus facile si on ne savait pas ce qu’on mange.

La ville de San Cristobal est une ville de 80 000 habitants. Pas un seul bâtiment ne dépasse les églises en hauteur. Nos hôtes, Jérôme et Rocio, habitent en plein cœur de la ville en face de la magnifique église Santo Domingo, récemment restaurée mais malheureusement toujours couverte d’une énorme bâche. Rocio, qui est historienne de l’art, nous montre comment les décorations des églises cachent des détails indigènes parmi les symboles chrétiens classiques. Les petites maisons basses qui bordent les rues sont très colorées. Le bleu, le rose et le jaune cohabitent.

Deux jours après notre arrivée, le pays célèbre le « 20 de noviembre », la révolution de 1910. En soutien aux manifestants de Oaxaca qui demandent le départ du gouverneur dans l’état voisin depuis des semaines, il y aura des barrages sur les routes toute la journée. Nous restons donc en ville où nous assistons le matin à un défilé officiel pour célébrer la révolution et l’après-midi à un défilé d’organisations de paysans indigènes.

Si certains d’entre vous ont bonne mémoire, vous vous souvenez peut-être du soulèvement zapatiste de 1994 et de son célèbre « subcomandante Marcos ». San Cristobal était au cœur des événements et le mouvement zapatiste est toujours bien vivant dans cette région même si ses tentatives de négociations avec le gouvernement pour faire reconnaître les droits indigènes ont échoué à maintes reprises.

Nous passons une soirée à interroger Jérôme et Rocio sur la situation politique ici et dans le pays en général. Pour faire court, les indiens souffrent d’un racisme bien ancré et le processus démocratique est extrêmement corrompu. Si le cœur vous en dit, procurez-vous le livre de notre hôte Jérôme sur le mouvement zapatiste (La rébellion zapatiste. Insurrection indienne et résistance planétaire, Jérôme Baschet).

kelloucq le 29.11.06 à 07:21 dans Actualités - Version imprimable
Article précédent - Commenter - Article suivant -