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Les Kelloucq en voyage

Une accablante Back to School Night

Hier soir, les parents étaient convoqués à l’école sans les enfants pour une soirée avec les enseignants et la directrice (the principal). Assis sur de petites chaises dans la classe de Gabriel, puis d’Emmanuel, nous avons d’abord écouté leur maitresse nous parler du programme et du fonctionnement de leur classe. Rassemblés dans le gymnase, nous avons ensuite eu droit à une grand-messe, ponctuée d’applaudissements, sur l’excellence de l’école et l’urgente nécessité d’être généreux.

« Engagez-vous ». Mrs. English, la maitresse de Gabriel, nous explique que le kindergarten n’est pas obligatoire. Ceci dit, depuis quelques années, l’état de Californie a fixé pour objectif que les enfants sachent lire à la fin du kindergarten…Il serait bon de consacrer 10 minutes par jour aux devoirs, mais ce n’est pas obligatoire.

Elle nous raconte le déroulement de la journée, un emploi du temps très minuté qui commence par le « Pledge of Allegiance » au drapeau américain. Dans quelques semaines et suite à différents tests de niveaux, les enfants seront divisés en « Early Bird » qui arrivent à 8h45 et « Late Bird » qui arrivent à 9h30.

Nous rencontrons aussi les deux parents qui se sont portés volontaires pour être « Room Parent », liaisons entre la maîtresse et les parents. Dans la classe d’Emmanuel, EJ est « Room Parent » suppléant. Dans le temps, on disait « Room Mother ». Mais en 2006, quelques pères s’investissent.

Mrs. English a cette phrase étonnante qu’aucun enseignant ne prononcerait en France. « Même si ce n’est pas votre jour de bénévolat, vous pouvez venir dans la classe quand vous voulez. Vous pouvez rester toute la journée si vous voulez. On a toujours besoin d’aide. »

En effet, nous sommes largement sollicités. Plusieurs feuilles sont disposées sur une table pour que nous nous inscrivions. Accompagner les enfants à la bibliothèque ou pour leurs sorties dans la nature, aider à préparer le cahier de liaison du vendredi, servir de liaison avec les multiples comités de l’école, aider à organiser les fêtes de classe (Halloween, Saint Valentin,…). Et les deux tâches les plus importantes : venir aider une matinée dans la classe et préparer/servir le déjeuner à la cafétéria. Lire cette liste vous a épuisé ? Et nous donc qui devons faire le travail ! Et ce n’est pas tout…

« Donnez généreusement ». Dans la deuxième partie de la soirée, on nous rappelle que le district d’Orinda est parmi ceux qui reçoivent le moins de subsides de l’état de Californie. C’est donc aux parents de mettre la différence sinon l’école n’aurait plus de musique, d’art ou d’éducation physique.

La présidente d’Education Foundation of Orinda (EFO), une association qui récolte des fonds pour toutes les écoles de la ville, vient nous mettre la pression : « 100% des parents doivent donner, 450 dollars par enfant est un bon objectif. Si vous envoyiez votre enfant dans une école privée comme certains de vos voisins, cela vous coûterait au bas mot 17 000 dollars par an. Alors vous devez mettre la main à la poche ». EFO récolte 1,35 millions de dollars par an pour les écoles de la ville, de la primaire au lycée.

C’est ensuite au tour des co-présidentes du Glorietta Parents Club. Même topo. « Nous devons récolter plus de 400 000 dollars cette année. Notre plus gros moment est notre vente aux enchères en février. Nous avons besoin de bénévoles. Tous les parents doivent participer en donnant des prix et en achetant des lots ». Cela me rappelle la kermesse de la maternelle où nous amenions des gâteaux et des boissons que nous devions ensuite acheter pour nos enfants affamés. Mais là, nous sommes dans une toute autre dimension.

Je ne veux pas avoir l’air de gémir sur mon sort, mais ce déferlement d’informations est assez accablant. Mais il y a aussi des côtés inattendus et sympas. Une maman vient de me téléphoner. Comme d’autres parents vétérans, elle s’est proposée pour épauler une famille nouvelle à l’école. Elle est tombée sur nous. Il se trouve qu’Emmanuel est dans la même équipe de foot que son fils Eric.

Elle invite les garçons à jouer chez elle mardi prochain. « On se verra ce soir à l’entrainement et demain au match », promet-elle avant de raccrocher. Ce genre d'accueil en France ? Non vraiment, je ne peux pas l’imaginer.

 

kelloucq le 08.09.06 à 20:35 dans Actualités - Version imprimable
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