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Les Kelloucq en voyage

Une église pas ordinaire

En France, nous avons peu d’amis qui vont régulièrement à l’église. D’ailleurs les seuls auxquels je pense sont Américains. Ici, c’est beaucoup plus courant « d’appartenir » à une église. C’est une expérience religieuse bien sûr, mais presque plus sociale. Depuis notre arrivée, les garçons vont régulièrement, mais pas tous les dimanches, à l’église de leurs grands-parents, une église méthodiste à Orinda. A Saint Mark's, ils participent à la Sunday School, une sorte de cathé ludique qui se déroule en parallèle du service.

Je ne suis pas une athée virulente qui interdit toute pratique religieuse à mes enfants. Je suis heureuse qu’ils se fassent leur propre opinion et qu’ils acquièrent au passage un bon vernis de culture judéo-chrétienne indispensable à la compréhension de leur patrimoine culturel, artistique et littéraire. Mais quand Gabriel me demande très sérieusement « Mommy, do you believe in God ? », je lui réponds franchement.

Dans cet esprit de découverte spirituelle, j’ai pris la résolution – c’est l’époque  – d’exposer les garçons à d’autres expériences en dehors de l’univers quelque peu confiné de Saint Mark’s. Une étape naturelle était d’aller rendre visite à New Spirit Community Church, une église de Berkeley où officie en freelance Barry Cammer, le pasteur qui nous a mariés.

Sans repousser ces bonnes intentions à plus tard, nous étions tous les quatre à Berkeley dimanche matin. Pas trop tôt puisque le service commence à 11h00. Premier bon point. Cette congrégation se réunit dans la chapelle d’un des nombreux séminaires autour du campus de Berkeley, un joli endroit avec vue sur la baie de San Francisco et le Golden Gate Bridge au loin.

Ce séminaire est de l’obédience United Church of Christ, mais la congrégation s’est également placée sous les auspices de Disciples of Christ et de Metropolitan Community Churches. Pour faire court, ces trois « parfums » protestants partagent plusieurs principes : ils acceptent les pasteurs gays et le mariages gay, ils parlent de divinité et de déesse plutôt que d’un dieu à barbe blanche.

Le service reflète cette envie de diversité : les chants très enjoués (jazz, reggae,…) donnent le ton, les membres de la congrégation participent à chaque étape, les trois pasteurs (deux femmes et Barry) ne restent pas figés derrière leur pupitre, la communion est donnée avec une accolade et un moment de conversation murmurée. Le sermon de ce dimanche donné par une stagiaire du séminaire racontait son passé de droguée et d’hétérosexuelle passée plusieurs fois par la case prison avant de changer de vie. Une bonne partie des membres sont effectivement homosexuels, mais refusent la ghettoïsation des églises exclusivement gays. D’ailleurs, cette église, qui semble si parfaite pour Berkeley et San Francisco, n’exige même pas que ses membres croient en dieu, mais dit accepter tous ceux qui cherchent. A New Spirit Community Church, on swingue, on tape dans les mains, on pleure, on rit. L’effet est fort et émouvant.

kelloucq le 16.01.07 à 01:12 dans Actualités - Version imprimable
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